jeudi 1 avril 2010

PARIS, CHIC FILLE


Paris, chic fille


Paris chic fille
t'es pas bégeule
mais ca depend
t'as trop d'quartiers
on cause pas pareil
selon qu'on est
de la rue de la Paix
ou des faubourgs
A Stalingrad l'usage
est d'être discrêt et sans histoire
on promène sa mélancolie
au bord de l'eau et des caneaux
la rotonde de Ledoux repose
au bout du canal Saint-Martin
elle est si belle si limpide
Ledoux avait beau être futuriste
il n'en croirait pas ses oreilles
quand passe le métro aérien
à côté de sa rotonde
il n'en croirait pas ses yeux
en voyant cette ferraille
jetée à cent à l'heure
sur des rails dans l'espace
il n'avait pas prévu cela
tant de quiètude autrefois
mais le Siècle des Lumières
n'a laissé que des traces
son raffinement son élègance
n'ont plus cours aujourd'hui
et Paris dans l' fracas
du métro tu survis
Au bout du Bassin
La Villette se devine
son dôme futuriste
ses envies de sciences
so tendance
oubliés Arletty
le Canal de l'Ourcq et ses soucis
ses chagrins sa mélancolie
et pourtant l'Hôtel du Nord
existe toujours en remontant
le canal verdoyant
les jours d'printemps
quand revient l'ivresse
du soleil et de l'eau qui dort
verte et bleue comme la turquoise
toute belle d'être salie
d'ses mousses et son limon
Parce qu'à Paris aussi
y'a la nature même entre les murs
elle se donne un mal de chien
pour pousser mine de rien
Paris porte bien le vert
c'est une toilette qui lui va
ses grands arbres ont de la classe
font d' la douceur aux paysages
changeants et multiples des carrefours
des avenues des quais de Seine
heureusement qu'y a la verdure
Paris sinon tu t'asphyxie
tu dis pas souvent merci
à Dame Nature tu d'vrais pourtant...
Les Buttes Chaumont
le Parc Montsouris
le Bois d'Boulogne
ou d'Vincennes
c'est pas du pareil au même
les Buttes Chaumont
c'est Central park
l'Parc Montsouris
l' internationale
des étudiants
bigarrés
du globe entier
l'Bois d'Boulogne
j'fais pas d'dessin
et à Vincennes
ou à Longchamp
on frime beaucoup
par tous les temps
chapeaux démesurés
rouges à lèvres
décapotables
et sacs Hermès
faut se montrer
c'est essentiel
l'argent coule à flots
dans le fracas des sabots
les tonnerres
d'applaudissements
chevaux au galop
étalons jockeys
gagneurs flambeurs
ou fiers loosers
qu'on soit d'la haute ou boomacker
c'est l'ambiance qui nous plaît
on est d'Paris
où bien d'ailleurs
y'a de la duchesse
et de la Lady
des Princes
et des barons
d' la finance
et de l'industrie
c'est Paris
qui s'met en scène
c'est le théâtre des apparences
sur le champ de course
s'élancent
des étalons
au nom immense
fourré d' truffes et d'particules
c'est qu'à Longchamp
ou Chantilly
tous les chevaux
sont mieux traités
qu'les cavaliers
c'est Paris de la démesure
sur les champs d'course
faut toujours
avoir l'air plus puissant
ou plus riche
ou plus connu des magazines
c'est le règne des paillettes
on s'embrasse et on se jette
les sourires sont d'politesse
y'a pas d'coeur
mais c'est l'bonheur
ça fait l' plaisir des badauds
et les petites gens d'Paris
s'y baladent
tout épatés
et regardent ébétés
les belles dames platinées liftées
aux diamants gros comme le Ritz
ca fait l'bonheur des journalistes
et des pages people
c'est l' Paris
du Dimanche des hippodromes
c'est Paris du Quinté Plus
dans les bars PMU
y'a pas d'Marquis
pas d'operettes
que de l'espoir
jamais déçu
car chaque Dimanche on recommence
on rêve l'pactole
et puis d'partir
au bout du monde
et s'reposer...
loin du métro
et d'la cohue
dans un pays
où y pleut plus...

Laure Gerbaud.
Tous droits réservés. Merci.

Aucun commentaire: