mercredi 21 octobre 2015

Kxtc Podcast: Salon Auteurs Régionaux Plumes d'Azur Hyères 2015 ...

Pour écouter mon interview au Salon des auteurs régionaux Plumes d'Azur à Hyères, en 2015, cliquez ici :

Kxtc Podcast: Salon Auteurs Régionaux Plumes d'Azur Hyères 2015 ... 

Salon Auteurs Régionaux Plumes d'Azur Hyères 2015 - Interview Laure Gerbaud - 720p Hyères (Var) - 20 09 2015 Interview Laure Gerbau...

samedi 19 juillet 2014

TOULON, UN SAC DE NOEUD?











Toulon, un sac de noeuds? Noeuds marins, bien sûr!

jeudi 26 septembre 2013

UN PEU DE NOSTALGIE...


                                           Algérie

 

 

Je n’ai pas besoin de livres pour me rappeler,

De photos,

Pas besoin de mémoire artificielle

Ou d’images racoleuses…

Les cartes postales ne m’apprendraient rien de plus.

Le sens de ma vie était là

Dans le vide et le frisson de l’air sur ma peau nue,

Le miroitement du soleil sur le mica multiple des dunes

Jaunes comme tout l’or du monde.

Cela se passait sous des climats arides ;

Il ne pleuvait qu’une fois l’an,

Parfois jamais.

Les hommes pour survivre n’avaient que leur bonne volonté,

Dure comme l’airain, insensible.

 

Je dansais dans les sables,

Je roulais au bas de la dune en riant,

Je n’avais peur ni du fennec ni du cobra royal.

La source était en moi, vibrante,

Pur joyau d’énergie,

Incompréhensible et solaire,

Incontournable.

Ah,  jeunesse… enfance bénie

Quand les sens ne sont pas encore endormis,

Quand les sens sont ta seule connaissance

Et tu ne te trompes jamais car tu sais.

Oui, ton corps sait qui ne se trompe pas.

Puis sont venus  l’école, l’apprentissage de la vie et des autres.

Alors tu as commencé à te fourvoyer,

A apprendre la raison des hommes de l’autre monde,

Ce monde blanc et cruel pour lequel tu n’étais pas faite,

Ce monde encombré de savoirs inutiles et de gadgets.

 

Toi, il te fallait l’austérité du lait de chèvre,

Le caillou sec du fromage de chamelle fondu dans le thé vert.

Tu vibrais au son de la flûte berbère là-haut dans les Aurès froids

Et ton cœur s’ouvrait comme une grande plaie pour laisser entrer tout l’amour du monde quand tu voyais et écoutais le petit berger, seul, tirer de sa flûte sobre les sons qui s’enroulaient dans le vent de la plaine

Et les moutons sages l’écoutaient en paissant entre les cailloux pointus de l’Oranais.

Car ce berger était partout, doué d’ubiquité.

Je l’ai retrouvé en tout paysage algérien, comme une figure de proue en haut des collines noires pelées, en haillon, altier et inconscient de sa beauté sauvage.

Tu ne trouvais rien à redire contre ce monde parfait à cet instant,

Pur comme un diamant que l’intelligence humaine n’a pas taillé pour le dévoyer et l’instrumentaliser,

Pour en tirer profit et ensemencer mort et doutes grâce aux registres pourris de ses comptes en banques et les listes de chiffres stériles et virtuels de ses ordinateurs.

Tout ton corps vibrait dans le vent frais de l’hiver.

Tu te souviens des émotions physiques, des odeurs, des sons,

Tu étais riche et jeune ou faut-il penser riche parce que jeune ?

Tu vois : maintenant le doute s’est insinué,

Malsain et revendicateur.

Tu ne sens plus, tu penses !

Tu n’en finis plus de lécher et panser tes plaies

Mais tu ne guéris plus de ce mal de l’inutile

De cet envahissement par l’inutile,

Médias, bruits des moteurs, publicité, machines idiotes.

Toi, tu étais sobre comme le chameau

Et tu t’es laissé envahir par cet univers grotesque de faux-semblants et d’assurances sur l’avenir.

Mais tu sais bien, toi, qu’on ne prévoit pas le jour de sa mort !

Vivre en Occident n’est pas facile : on s’y perd de vue aisément, on n’entend plus le chant de son âme.

On l’oublie si l’on n’est pas sur ses gardes car il faut s’en cesse se protéger du mercantilisme imbécile et du chantage à la mort.

 

Dans ce pays l’été n’avait pas de pudeur de jeune fille :

Il ne s’annonçait pas par un printemps interminable.

Le printemps durait peu et l‘été ne venait pas pas à pas ;

L’été brutal tombait comme un couperet.

La chaleur t’envahissait jusqu’à dissoudre ton corps dans l’infinité de la nature,

Souviens-toi…

Tu ne faisais qu’un avec la palpitation du ciel,

Avec l’odeur sombre de la Méditerranée quand tu descendais  à Bouzedjar

Et que tes membres se nouaient à l’eau pour la grande leçon d’intimité avec la nature, la seule leçon qui vaille !

Tu étais le nuage rare et la claque insolente du soleil, tu étais l’humidité de tes propres aisselles et le ruissellement dans ton dos de cette eau incontrôlable qui suintait de toi, de ta propre source.

Tu étais le goût salé sur tes lèvres de ta propre transpiration et celui de la Mère Méditerranée.

Tu étais le feu et la flamme, l’eau et le sable, la pierre et le désert.

Tu te dissolvais dans l’air avec la sagesse des vieux yogis qui savent que nous ne sommes rien que ce qui nous entoure.

Tu ne luttais pas, tu aimais cela,

Cette promiscuité avec la nature et l’essence du monde.

Tu te laissais couler dans le mouvement de ta sensualité

Car tu savais que la vérité se niche au sein du néant.

Tu savais le plein et le vide,

Tu nichais quelque part entre rien et tout.

Et tout, absolument tout passait par le filtre de ta peau

Et non par ta raison.

Dieu était en chaque chose, Dieu était chaque atome et tu étais une partie de cette infinité, une infime parcelle de Dieu.

Tu touchais  Dieu à chaque mouvement parce que tu te frottais aux atomes.

Tu vivais dans une grande spiritualité et tu l’ignorais !

Tu étais l’eau et le vent, la terre et la poussière

Et dans les oasis ton cœur chantait la chanson du bonheur.

 

Timimoun, Ô Timimoun , Rouge Perle du Gourara, Oasis aux verts palmiers porteurs de vie.

La datte était suave à ton palais,

L’eau magicienne courait dans les séguias et te donnait la main pour découvrir le pays et ses hommes.

Le bonheur était dans la chaleur contre ta peau, dans l’air rieur et les sourires des enfants agitant des mains multiples au passage de la Peugeot fatiguée de ton père ;

L’amour éclatait dans ton cœur et ta joie était ta source de vie, ton énergie.

Qui mieux que moi peut évoquer la beauté de ce monde africain appris dans l’enfance ?

J’ai communié avec ses peuples dans l’innocence de l’enfance.

Je n’ai compris que plus tard la portée du racisme

Quand j’ai vécu en France.

Ma bonne m’amenait avec un seul œil à l’école, en voile et en haïk.

Cela ne m’a jamais intrigué : c’était naturel, elle avait droit à ses différences comme j’avais droit aux miennes.

J’étais sage alors.

Elle m’a appris à mettre le voile, par jeu, par fierté.

J’ai été fière de l’apprendre.

L’échange était  équilibré entre nous, implicite.

Nous ne nous posions pas de questions devant l’évidence,

Nos cultures étaient différentes, souvent inverses :

Pourquoi aurions-nous trouvé à y redire ?

Tout était joué d’avance : nous n’avions pas choisi.

Nous nous contentions d’accepter et de vivre.

Elle s’appelait Fatma,

Elle était ma seconde mère.

Pourtant nous savions que cela devait cesser un jour.

C’était cruel et nous faisions comme si de rien n’était.

Cela advint bien sûr et ce fut une rupture de plus à ajouter à mon jeune âge.

Je ne puis penser à elle sans que les larmes me montent encore aux yeux.

Il y eu d’autres bonnes, d’autres mères secondes, il y en eu même une amie belge, Denise, d’autres séparations, d’autres pleurs.

Je n’ai rien choisi dans ce jeu cruel de la vie.

Il y eu Madame Touil  et Hafida mais surtout Barka.


Il y eu Amal, Khadija et Salwa, inoubliable Salwa.

Leur souvenir me ramène aux odeurs, aux chants, à la langue.

Et du fin fond de ma mémoire, je revois les oasis, les ksour abandonnés, les dunes blondes, les sourires des femmes, leurs mains aux gestes infiniment élégants qui se voilaient la face quand mon père tentait de les filmer avec sa caméra super-huit.

La chaleur est là, palpitante, et les mouches, grosses grappes de raisin noir, se déplacent à la vitesse de l’éclair pour se poser sur les visages des enfants las de se défendre.

Des souvenirs de misère, de beauté, de sauvagerie….

Ô, les minuscules marabouts blancs ponctuant l’espace comme des moutons posés sur les collines douces, et la mélancolie émanant de ces paysages désertés,

Et l’enchantement soudain de l’arrivée à Bouzedjar quand, au détour de la route, surgissait la Méditerranée, bleue comme un saphir immense !

L’air devenait léger, insolent, d’une autre nature.

Il promettait le bonheur, la facilité, la sensualité,

Il sentait les embruns salés de la mer.

Nous nous installions dans le cabanon délabré pour des jours d’insouciance et de bonheur.

Je voudrais aujourd’hui m’installer à nouveau dans ce même cabanon, cette même insouciance qui est à la fois qualité et preuve ultime du bonheur.

Je te parle de temps et de jours que tu n’as pas connus  

Comment puis-je te rendre vivante cette joie avec de simples mots ?

Comment pourrais-tu ressentir cette transcendance du corps, cette unicité avec l’univers, cette simplicité qui nous saisit quand nous vivons en accord avec notre propre nature ?

Mais tu as sans doute connu d’autres temps et d’autres jours pour éprouver le bonheur en d’autres lieux et d’autres circonstances.

Tu as été enfant, toi aussi.

Alors je te le demande : souviens-toi de ton intimité avec ton corps, de ton appartenance au grand Tout avant que ta conscience balaie cette intuition, cette connaissance innée et magnifique qui sont étincelles divines dans l’homme.

Souviens-toi que tu étais vrai, entier, et oublie la folie qui t’entoure, ne te laisse pas envahir, résiste !

Sois qui tu dois être et non du matériel humain, comme certains se plaisent à le dire, non une machine à obéir, acheter, vendre …

Respecte-toi, lève-toi, vis dans la plénitude de tes bras, ta force, ta sueur !

Jouis de tous tes sens, enfin, et oublie les machines qui travaillent pour toi et te rendent inutile ! Relègue-les au néant d’où elles viennent !

Oui, respecte-toi, lève-toi et vis, enfin !

                            Sens !

                              Vis !

 
                                     Laure Gerbaud

                                 Tous droits réservés

 

 

samedi 12 janvier 2013

JACQUES PREVERT: TOUJOURS LUCIDE!


                                                                    Familiale
 
La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu'est-ce qu'il fait le père?
Il fait des affaires
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père
Et le fils et le fils
Qu'est-ce qu'il trouve le fils?
Il ne trouve rien absolument rien le fils
Le fils sa mère fait du tricot son père des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça tout naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière.

Jacques Prévert.

lundi 16 juillet 2012

JE T'ENTENDS DE SI LOIN...


                                    JE T'ENTENDS DE SI LOIN...



Je t’ai entendu

Tu as appelé de si loin

De si loin au fond de ta brousse

De si loin parmi les appels du fauve à sa lionne

De si loin parmi la dureté des épineux et des figuiers de barbarie

De si loin au travers des champs de goyaves et des champs de canne à sucre

De si loin au travers des âges Noir à tête couleur de café brûlé

J’ai entendu ton cri jeté à la face de tous les blancs

Entendu ton hurlement de désespoir et ta volonté de survivre

Malgré les privations les coups les crachats malgré tout et contre tous

Noir à la tête couleur de café brûlé je n’ai pas assez de mots pour t’exprimer ma désolation

J’ai honte d’être blanche quand je pense à l’esclavage

Je pense à Walter Sisulu que tout le monde a oublié

Je pense à Nelson Mandela qui a laissé vingt-sept ans de sa vie entre parenthèses

Je pense au  Pasteur Martin Luther King à sa puissance et son énergie

Et je me dis Oui il est parvenu à transformer le regard d’un grand nombre de blancs sur les noirs

Parvenu à leur donner une vie meilleure

Il a laissé sa vie dans ce combat mais il est y  parvenu

Ce noir simple et direct face à ces blancs arrogants

Et maintenant il faut que tes arrières petits enfants trouvent goût au bonheur

Et ce n’est pas une simple affaire

Eux aussi t’entendent sans cesse

Et résonnent  sans cesse en leur tête le son du marteau qui ferme le rivet du bracelet de métal noir
sur ta cheville frêle

Et retentissent en leur tête les coups du fouet sur ta peau zébrée de sang

Et tes pleurs et ta souffrance qui leur arrivent de loin de si loin à travers les siècles et les secondes
de braise de l’histoire

Qui n’est jamais glorieuse

Et il faut faire avec ce substrat qui nourrit l’imaginaire et l’inconscient des nouvelles générations

O Noir à la tête couleur de café brûlé je t’entends de si loin

Au travers du temps et de l’espace

Et tu voudrais que tes arrières petits enfants trouvent la paix de l’âme que tu n’as pas connue

L’apaisement que tu n’as pas connu

Le bonheur que tu n’as pas connu

La joie que tu n’as pas connue

Le rire que tu n’as pas connu

Mais ce n’est pas si simple

Mais comme je te comprends

Je le veux aussi

Mais voilà

L’histoire a laissé des traces caillées de sang et de terreur de ces traces terribles qui ne s’oublient
pas

Vivaces dans les esprits et je t’entends de loin de si loin

Au travers de tes mélopées tristes du fond de ton champ de coton

Et je continue à me demander : comment a-t-on pu ?

Et je sais qu’il n’y a qu’une seule réponse qui me désole et m’éloigne des hommes :

L’homme est un prédateur qui tue l’homme pour le plaisir, la gloire et la puissance.

Je t’entends toujours de loin de si loin

Tu couvres tous les continents de ta voix immense de bluesmen

Car on t’a emmené partout aux confins de la terre

A arpenter le globe pour te laisser loin si loin des tiens

Et là tu as cassé les cailloux des routes que tu construisais

Tu as déplacé des montagnes de terre

Tu as semé des champs de coton de café de betteraves des bananeraies

Pourtant tu avais faim tout le temps

Tes yeux fous de douleur et de fatigue roulaient sur ta figure transpirante

Ta belle figure Noire couleur de café brulé

Tu haletais sous l’effort et les coups

Tu regardais éberlué le monde des blancs et tu ne pouvais y croire

Tout était irréel ce monde à construire pour eux

Dont tu étais systématiquement éliminé

Tu ne valais pas plus qu’une mouche

Qu’on frappe du revers de la main

Le  blanc avait droit de vie et de mort sur toi

Tu te remémorais les soirées en brousse autrefois

Près de ton père et de ta mère tu mangeais le riz-sauce sous les flamboyants

Dans les rires des enfants qui se racontaient leurs dernières bêtises

Dans les lueurs du feu et du couchant

Tu te rappelais les sons et les odeurs d’Afrique

O Noir à teinte couleur de café brûlé

Comment pardonner aux blancs cet arrachement

Et ta langue maternelle tu ne la parlais plus

Alors tu as parlé la langue de l’autre de l’ennemi

Et tu as assisté à ses messes hypocrites car on ne te demandait pas ton avis    

Et tu as entendu les chants de messe de l’ennemi

Et tu as fait ce que tu as pu pour conserver quelque chose de toi dans les nouveaux chants qu’on
t’apprenait de force

Alors tu as inventé le blues où tu as mis ton désespoir  ta sensibilité ta souffrance

Tu as chanté comme on dépose les armes

Car tu n’étais pas violent

Tu ne t’étais pas souvent révolté

La mort te frappait alors de plein fouet

Tu te taisais tu attendais ton heure

En chantant le blues

O Noir à tête couleur de café brûlé

Ton heure est venue

Et tu as retrouvé ton rire

Mais il est si difficile de se construire dans ce monde blanc

Car tu n’es plus depuis longtemps un enfant de la brousse

Mais tu entends parfois l’appel de l’Afrique qui gémit dans ton sang

Traverse les nappes de bruit de la ville celui des voitures imbéciles

Et tu frémis

Tu entends à ton tour de loin de si loin ton ancêtre

Qui chante la mélopée africaine en bêchant sa terre avant que ne vienne la saison des pluies

Et personne n’est là derrière son dos avec le fouet et la haine à la lèvre

Tu sens le parfum de la poussière et du marigot

Tu perçois le frémissement du vent dans les rôniers

Et les coassement du crapaud buffle qui se feront étourdissants à la saison des amours

Le margouillat vert se faufile entre tes pieds

Et tu es toi-même ton ancêtre qui se relève essuie son front du plat de la main

Et la fatigue bat tes reins mais tu lève la bêche encore

Il faut que le travail soit fait dans ton jardin avant de rentrer au village

Et tu souris car tu possèdes cet inestimable lopin de terre

Et toute ta liberté d’homme libre

O Noir à  tête couleur de café brûlé

Tu sais bien que ce n’est pas en mangeant des hamburgers que tu rends hommage à tes ancêtres

Et tu entends parfois encore de loin de si loin le Noir à tête couleur de café brûlé qui t’a donné la vie
 autrefois

Loin si loin dans le temps

Ne le déçois pas

Sois à sa hauteur

Vis pleinement ta vie d’homme libre

Ne te laisse jamais humilier

Car ton ancêtre l’entendrait

Et tu le décevrais

Vous vous ressemblez tellement tous les deux

Malgré le temps et l’espace

O Noirs à tête couleur de café brûlé


                                            Laure Gerbaud
                                        Tous droits réservés.

mardi 3 juillet 2012

J'AI PAS ECRIT...


                                    J’ai pas écrit…





Y'a bien longtemps que j'ai pas écrit

Qu'j'ai pas joué avec les mots

Qu'j'ai pas chanté avec la rime

Et balbutié dans l'tempo

Qu'j'ai pas guinché dans l'acrostiche

Battu la m'sure des syllabes

Ordonnancé l'vocabulaire

Jacté des mots énormes et beaux

Tapé des pieds entre les virgules

Et applaudi dans l'intervalle

Ni fredonné l'exclamation

Sussuré les points d'suspension

Ou chuchoté la question

Ni parlé avec l'stylo

C'est qu'on appelle écrire

Cet appel d'la musique

Ca s'explique pas et c'est divin

Ca frole l'extase

Et c'est pas rien

Ca s'déroule et ça s'enroule

Dans l'air ou dans la gorge

Sur l'papier ou dans les rêves

C'est suspect on se met à dire

Tout ce qu'on veut on s'cache plus

Et c'est ça qu'on appelle écrire

Le reste c'est rien qu'd'la rédaction

Mais non j'parle d'écrire

Ce moment où tout enivre

Cet instant où rien n'existe

Qu'l'sentiment et l'émotion

Et la musique et la musique

Quand tout vibre et tout transpire

Tout danse et c'est magique

Y'a qu'le tempo

Et puis les mots

Mes mots

Et l'tempo

C'est ça écrire

C'est ça écrire

C'est ça la vie

Et c'est ma vie


                                   Laure Gerbaud
                               Tous droits réservés.