dimanche 19 février 2017
mercredi 21 octobre 2015
Kxtc Podcast: Salon Auteurs Régionaux Plumes d'Azur Hyères 2015 ...
Pour écouter mon interview au Salon des auteurs régionaux Plumes d'Azur à Hyères, en 2015, cliquez ici :
Kxtc Podcast: Salon Auteurs Régionaux Plumes d'Azur Hyères 2015 ...
Salon Auteurs Régionaux Plumes d'Azur Hyères 2015 - Interview Laure Gerbaud - 720p Hyères (Var) - 20 09 2015 Interview Laure Gerbau...
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Salon Auteurs Régionaux Plumes d'Azur Hyères 2015 - Interview Laure Gerbaud - 720p Hyères (Var) - 20 09 2015 Interview Laure Gerbau...
jeudi 26 septembre 2013
UN PEU DE NOSTALGIE...
Algérie
Je n’ai pas besoin de livres pour me rappeler,
De photos,
Pas besoin de mémoire artificielle
Ou d’images racoleuses…
Les cartes postales ne m’apprendraient rien de plus.
Le sens de ma vie était là
Dans le vide et le frisson de l’air sur ma peau nue,
Le miroitement du soleil sur le mica multiple des dunes
Jaunes comme tout l’or du monde.
Cela se passait sous des climats arides ;
Il ne pleuvait qu’une fois l’an,
Parfois jamais.
Les hommes pour survivre n’avaient que leur bonne volonté,
Dure comme l’airain, insensible.
Je dansais dans les sables,
Je roulais au bas de la dune en riant,
Je n’avais peur ni du fennec ni du cobra royal.
La source était en moi, vibrante,
Pur joyau d’énergie,
Incompréhensible et solaire,
Incontournable.
Ah, jeunesse…
enfance bénie
Quand les sens ne sont pas encore endormis,
Quand les sens sont ta seule connaissance
Et tu ne te trompes jamais car tu sais.
Oui, ton corps sait qui ne se trompe pas.
Puis sont venus l’école,
l’apprentissage de la vie et des autres.
Alors tu as commencé à te fourvoyer,
A apprendre la raison des hommes de l’autre monde,
Ce monde blanc et cruel pour lequel tu n’étais pas faite,
Ce monde encombré de savoirs inutiles et de gadgets.
Toi, il te fallait l’austérité du lait de chèvre,
Le caillou sec du fromage de chamelle fondu dans le thé
vert.
Tu vibrais au son de la flûte berbère là-haut dans les
Aurès froids
Et ton cœur s’ouvrait comme une grande plaie pour laisser
entrer tout l’amour du monde quand tu voyais et écoutais le petit berger, seul,
tirer de sa flûte sobre les sons qui s’enroulaient dans le vent de la plaine
Et les moutons sages l’écoutaient en paissant entre les
cailloux pointus de l’Oranais.
Car ce berger était partout, doué d’ubiquité.
Je l’ai retrouvé en tout paysage algérien, comme une
figure de proue en haut des collines noires pelées, en haillon, altier et
inconscient de sa beauté sauvage.
Tu ne trouvais rien à redire contre ce monde parfait à
cet instant,
Pur comme un diamant que l’intelligence humaine n’a pas
taillé pour le dévoyer et l’instrumentaliser,
Pour en tirer profit et ensemencer mort et doutes grâce
aux registres pourris de ses comptes en banques et les listes de chiffres stériles
et virtuels de ses ordinateurs.
Tout ton corps vibrait dans le vent frais de l’hiver.
Tu te souviens des émotions physiques, des odeurs, des
sons,
Tu étais riche et jeune ou faut-il penser riche parce que
jeune ?
Tu vois : maintenant le doute s’est insinué,
Malsain et revendicateur.
Tu ne sens plus, tu penses !
Tu n’en finis plus de lécher et panser tes plaies
Mais tu ne guéris plus de ce mal de l’inutile
De cet envahissement par l’inutile,
Médias, bruits des moteurs, publicité, machines idiotes.
Toi, tu étais sobre comme le chameau
Et tu t’es laissé envahir par cet univers grotesque de
faux-semblants et d’assurances sur l’avenir.
Mais tu sais bien, toi, qu’on ne prévoit pas le jour de
sa mort !
Vivre en Occident n’est pas facile : on s’y perd de
vue aisément, on n’entend plus le chant de son âme.
On l’oublie si l’on n’est pas sur ses gardes car il faut
s’en cesse se protéger du mercantilisme imbécile et du chantage à la mort.
Dans ce pays l’été n’avait pas de pudeur de jeune fille :
Il ne s’annonçait pas par un printemps interminable.
Le printemps durait peu et l‘été ne venait pas pas à pas ;
L’été brutal tombait comme un couperet.
La chaleur t’envahissait jusqu’à dissoudre ton corps dans
l’infinité de la nature,
Souviens-toi…
Tu ne faisais qu’un avec la palpitation du ciel,
Avec l’odeur sombre de la Méditerranée quand tu
descendais à Bouzedjar
Et que tes membres se nouaient à l’eau pour la grande
leçon d’intimité avec la nature, la seule leçon qui vaille !
Tu étais le nuage rare et la claque insolente du soleil,
tu étais l’humidité de tes propres aisselles et le ruissellement dans ton dos
de cette eau incontrôlable qui suintait de toi, de ta propre source.
Tu étais le goût salé sur tes lèvres de ta propre transpiration
et celui de la Mère Méditerranée.
Tu étais le feu et la flamme, l’eau et le sable, la
pierre et le désert.
Tu te dissolvais dans l’air avec la sagesse des vieux
yogis qui savent que nous ne sommes rien que ce qui nous entoure.
Tu ne luttais pas, tu aimais cela,
Cette promiscuité avec la nature et l’essence du monde.
Tu te laissais couler dans le mouvement de ta sensualité
Car tu savais que la vérité se niche au sein du néant.
Tu savais le plein et le vide,
Tu nichais quelque part entre rien et tout.
Et tout, absolument tout passait par le filtre de ta peau
Et non par ta raison.
Dieu était en chaque chose, Dieu était chaque atome et tu
étais une partie de cette infinité, une infime parcelle de Dieu.
Tu touchais Dieu à
chaque mouvement parce que tu te frottais aux atomes.
Tu vivais dans une grande spiritualité et tu
l’ignorais !
Tu étais l’eau et le vent, la terre et la poussière
Et dans les oasis ton cœur chantait la chanson du bonheur.
Timimoun, Ô Timimoun , Rouge Perle du Gourara, Oasis aux verts
palmiers porteurs de vie.
La datte était suave à ton palais,
L’eau magicienne courait dans les séguias et te donnait
la main pour découvrir le pays et ses hommes.
Le bonheur était dans la chaleur contre ta peau, dans
l’air rieur et les sourires des enfants agitant des mains multiples au passage
de la Peugeot fatiguée de ton père ;
L’amour éclatait dans ton cœur et ta joie était ta source
de vie, ton énergie.
Qui mieux que moi peut évoquer la beauté de ce monde
africain appris dans l’enfance ?
J’ai communié avec ses peuples dans l’innocence de
l’enfance.
Je n’ai compris que plus tard la portée du racisme
Quand j’ai vécu en France.
Ma bonne m’amenait avec un seul œil à l’école, en voile
et en haïk.
Cela ne m’a jamais intrigué : c’était naturel, elle
avait droit à ses différences comme j’avais droit aux miennes.
J’étais sage alors.
Elle m’a appris à mettre le voile, par jeu, par fierté.
J’ai été fière de l’apprendre.
L’échange était équilibré
entre nous, implicite.
Nous ne nous posions pas de questions devant l’évidence,
Nos cultures étaient différentes, souvent inverses :
Pourquoi aurions-nous trouvé à y redire ?
Tout était joué d’avance : nous n’avions pas choisi.
Nous nous contentions d’accepter et de vivre.
Elle s’appelait Fatma,
Elle était ma seconde mère.
Pourtant nous savions que cela devait cesser un jour.
C’était cruel et nous faisions comme si de rien n’était.
Cela advint bien sûr et ce fut une rupture de plus à
ajouter à mon jeune âge.
Je ne puis penser à elle sans que les larmes me montent
encore aux yeux.
Il y eu d’autres bonnes, d’autres mères secondes, il y en
eu même une amie belge, Denise, d’autres séparations, d’autres pleurs.
Je n’ai rien choisi dans ce jeu cruel de la vie.
Il y eu Madame Touil
et Hafida mais surtout Barka.
Il y eu Amal, Khadija et Salwa, inoubliable Salwa.
Il y eu Amal, Khadija et Salwa, inoubliable Salwa.
Leur souvenir me ramène aux odeurs, aux chants, à la
langue.
Et du fin fond de ma mémoire, je revois les oasis, les
ksour abandonnés, les dunes blondes, les sourires des femmes, leurs mains aux
gestes infiniment élégants qui se voilaient la face quand mon père tentait de
les filmer avec sa caméra super-huit.
La chaleur est là, palpitante, et les mouches, grosses
grappes de raisin noir, se déplacent à la vitesse de l’éclair pour se poser sur
les visages des enfants las de se défendre.
Des souvenirs de misère, de beauté, de sauvagerie….
Ô, les minuscules marabouts blancs ponctuant l’espace
comme des moutons posés sur les collines douces, et la mélancolie émanant de
ces paysages désertés,
Et l’enchantement soudain de l’arrivée à Bouzedjar quand,
au détour de la route, surgissait la Méditerranée, bleue comme un saphir
immense !
L’air devenait léger, insolent, d’une autre nature.
Il promettait le bonheur, la facilité, la sensualité,
Il sentait les embruns salés de la mer.
Nous nous installions dans le cabanon délabré pour des
jours d’insouciance et de bonheur.
Je voudrais aujourd’hui m’installer à nouveau dans ce
même cabanon, cette même insouciance qui est à la fois qualité et preuve ultime
du bonheur.
Je te parle de temps et de jours que tu n’as pas connus …
Comment puis-je te rendre vivante cette joie avec de
simples mots ?
Comment pourrais-tu ressentir cette transcendance du
corps, cette unicité avec l’univers, cette simplicité qui nous saisit quand
nous vivons en accord avec notre propre nature ?
Mais tu as sans doute connu d’autres temps et d’autres
jours pour éprouver le bonheur en d’autres lieux et d’autres circonstances.
Tu as été enfant, toi aussi.
Alors je te le demande : souviens-toi de ton
intimité avec ton corps, de ton appartenance au grand Tout avant que ta
conscience balaie cette intuition, cette connaissance innée et magnifique qui
sont étincelles divines dans l’homme.
Souviens-toi que tu étais vrai, entier, et oublie la
folie qui t’entoure, ne te laisse pas envahir, résiste !
Sois qui tu dois être et non du matériel humain, comme
certains se plaisent à le dire, non une machine à obéir, acheter, vendre …
Respecte-toi, lève-toi, vis dans la plénitude de tes
bras, ta force, ta sueur !
Jouis de tous tes sens, enfin, et oublie les
machines qui travaillent pour toi et te rendent inutile ! Relègue-les au
néant d’où elles viennent !
Oui, respecte-toi, lève-toi et vis, enfin !
Sens !
Sens !
Vis !
Tous droits réservés
samedi 12 janvier 2013
JACQUES PREVERT: TOUJOURS LUCIDE!
Familiale
La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu'est-ce qu'il fait le père?
Il fait des affaires
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père
Et le fils et le fils
Qu'est-ce qu'il trouve le fils?
Il ne trouve rien absolument rien le fils
Le fils sa mère fait du tricot son père des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça tout naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière.
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu'est-ce qu'il fait le père?
Il fait des affaires
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père
Et le fils et le fils
Qu'est-ce qu'il trouve le fils?
Il ne trouve rien absolument rien le fils
Le fils sa mère fait du tricot son père des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça tout naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière.
Jacques Prévert.
lundi 16 juillet 2012
JE T'ENTENDS DE SI LOIN...
Je t’ai entendu
Tu as appelé de si loin
De si loin au fond de ta brousse
De si loin parmi les appels du fauve à sa lionne
De si loin parmi la dureté des épineux et des figuiers de
barbarie
De si loin au travers des champs de goyaves et des champs de
canne à sucre
De si loin au travers des âges Noir à tête couleur de café
brûlé
J’ai entendu ton cri jeté à la face de tous les blancs
Entendu ton hurlement de désespoir et ta volonté de survivre
Malgré les privations les coups les crachats malgré tout et
contre tous
Noir à la tête couleur de café brûlé je n’ai pas assez de
mots pour t’exprimer ma désolation
J’ai honte d’être blanche quand je pense à l’esclavage
Je pense à Walter Sisulu que tout le monde a oublié
Je pense à Nelson Mandela qui a laissé vingt-sept ans de sa
vie entre parenthèses
Je pense au Pasteur
Martin Luther King à sa puissance et son énergie
Et je me dis Oui il est parvenu à transformer le regard d’un
grand nombre de blancs sur les noirs
Parvenu à leur donner une vie meilleure
Il a laissé sa vie dans ce combat mais il est y parvenu
Ce noir simple et direct face à ces blancs arrogants
Et maintenant il faut que tes arrières petits enfants
trouvent goût au bonheur
Et ce n’est pas une simple affaire
Eux aussi t’entendent sans cesse
Et résonnent sans
cesse en leur tête le son du marteau qui ferme le rivet du bracelet de métal
noir
sur ta cheville frêle
Et retentissent en leur tête les coups du fouet sur ta peau
zébrée de sang
Et tes pleurs et ta souffrance qui leur arrivent de loin de
si loin à travers les siècles et les secondes
de braise de l’histoire
Qui n’est jamais glorieuse
Et il faut faire avec ce substrat qui nourrit l’imaginaire
et l’inconscient des nouvelles générations
O Noir à la tête couleur de café brûlé je t’entends de si
loin
Au travers du temps et de l’espace
Et tu voudrais que tes arrières petits enfants trouvent la
paix de l’âme que tu n’as pas connue
L’apaisement que tu n’as pas connu
Le bonheur que tu n’as pas connu
La joie que tu n’as pas connue
Le rire que tu n’as pas connu
Mais ce n’est pas si simple
Mais comme je te comprends
Je le veux aussi
Mais voilà
L’histoire a laissé des traces caillées de sang et de
terreur de ces traces terribles qui ne s’oublient
pas
Vivaces dans les esprits et je t’entends de loin de si loin
Au travers de tes mélopées tristes du fond de ton champ de
coton
Et je continue à me demander : comment a-t-on pu ?
Et je sais qu’il n’y a qu’une seule réponse qui me
désole et m’éloigne des hommes :
L’homme est un prédateur qui tue l’homme pour le plaisir, la
gloire et la puissance.
Je t’entends toujours de loin de si loin
Tu couvres tous les continents de ta voix immense de
bluesmen
Car on t’a emmené partout aux confins de la terre
A arpenter le globe pour te laisser loin si loin des tiens
Et là tu as cassé les cailloux des routes que tu
construisais
Tu as déplacé des montagnes de terre
Tu as semé des champs de coton de café de betteraves des
bananeraies
Pourtant tu avais faim tout le temps
Tes yeux fous de douleur et de fatigue roulaient sur ta
figure transpirante
Ta belle figure Noire couleur de café brulé
Tu haletais sous l’effort et les coups
Tu regardais éberlué le monde des blancs et tu ne pouvais y
croire
Tout était irréel ce monde à construire pour eux
Dont tu étais systématiquement éliminé
Tu ne valais pas plus qu’une mouche
Qu’on frappe du revers de la main
Le blanc avait droit
de vie et de mort sur toi
Tu te remémorais les soirées en brousse autrefois
Près de ton père et de ta mère tu mangeais le riz-sauce sous
les flamboyants
Dans les rires des enfants qui se racontaient leurs
dernières bêtises
Dans les lueurs du feu et du couchant
Tu te rappelais les sons et les odeurs d’Afrique
O Noir à teinte couleur de café brûlé
Comment pardonner aux blancs cet arrachement
Et ta langue maternelle tu ne la parlais plus
Alors tu as parlé la langue de l’autre de l’ennemi
Et tu as assisté à ses messes hypocrites car on ne te demandait
pas ton avis
Et tu as entendu les chants de messe de l’ennemi
Et tu as fait ce que tu as pu pour conserver quelque chose
de toi dans les nouveaux chants qu’on
t’apprenait de force
Alors tu as inventé le blues où tu as mis ton désespoir ta sensibilité ta souffrance
Tu as chanté comme on dépose les armes
Car tu n’étais pas violent
Tu ne t’étais pas souvent révolté
La mort te frappait alors de plein fouet
Tu te taisais tu attendais ton heure
En chantant le blues
O Noir à tête couleur de café brûlé
Ton heure est venue
Et tu as retrouvé ton rire
Mais il est si difficile de se construire dans ce monde
blanc
Car tu n’es plus depuis longtemps un enfant de la brousse
Mais tu entends parfois l’appel de l’Afrique qui gémit dans
ton sang
Traverse les nappes de bruit de la ville celui des voitures
imbéciles
Et tu frémis
Tu entends à ton tour de loin de si loin ton ancêtre
Qui chante la mélopée africaine en bêchant sa terre avant
que ne vienne la saison des pluies
Et personne n’est là derrière son dos avec le fouet et la
haine à la lèvre
Tu sens le parfum de la poussière et du marigot
Tu perçois le frémissement du vent dans les rôniers
Et les coassement du crapaud buffle qui se feront
étourdissants à la saison des amours
Le margouillat vert se faufile entre tes pieds
Et tu es toi-même ton ancêtre qui se relève essuie son front
du plat de la main
Et la fatigue bat tes reins mais tu lève la bêche encore
Il faut que le travail soit fait dans ton jardin avant de
rentrer au village
Et tu souris car tu possèdes cet inestimable lopin de terre
Et toute ta liberté d’homme libre
O Noir à tête couleur
de café brûlé
Tu sais bien que ce n’est pas en mangeant des hamburgers que
tu rends hommage à tes ancêtres
Et tu entends parfois encore de loin de si loin le Noir à
tête couleur de café brûlé qui t’a donné la vie
autrefois
Loin si loin dans le temps
Ne le déçois pas
Sois à sa hauteur
Vis pleinement ta vie d’homme libre
Ne te laisse jamais humilier
Car ton ancêtre l’entendrait
Et tu le décevrais
Vous vous ressemblez tellement tous les deux
Malgré le temps et l’espace
O Noirs à tête couleur de café brûlé
Tous droits réservés.
mardi 3 juillet 2012
J'AI PAS ECRIT...
J’ai pas écrit…
Y'a bien longtemps
que j'ai pas écrit
Qu'j'ai pas joué avec
les mots
Qu'j'ai pas chanté
avec la rime
Et balbutié dans
l'tempo
Qu'j'ai pas guinché
dans l'acrostiche
Battu la m'sure des
syllabes
Ordonnancé
l'vocabulaire
Jacté des mots
énormes et beaux
Tapé des pieds entre
les virgules
Et applaudi dans
l'intervalle
Ni fredonné
l'exclamation
Sussuré les points
d'suspension
Ou chuchoté la
question
Ni parlé avec l'stylo
C'est qu'on appelle
écrire
Cet appel d'la
musique
Ca s'explique pas et
c'est divin
Ca frole l'extase
Et c'est pas rien
Ca s'déroule et ça
s'enroule
Dans l'air ou dans la
gorge
Sur l'papier ou dans
les rêves
C'est suspect on se
met à dire
Tout ce qu'on veut on
s'cache plus
Et c'est ça qu'on
appelle écrire
Le reste c'est rien
qu'd'la rédaction
Mais non j'parle
d'écrire
Ce moment où tout
enivre
Cet instant où rien
n'existe
Qu'l'sentiment et
l'émotion
Et la musique et la
musique
Quand tout vibre et
tout transpire
Tout danse et c'est
magique
Y'a qu'le tempo
Et puis les mots
Mes mots
Et l'tempo
C'est ça écrire
C'est ça écrire
C'est ça la vie
Et c'est ma vie
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