mardi 17 avril 2012

CHIC FILLE

                                       CHIC FILLE



Paris chic fille

t'es pas bégueule

mais ça dépend

t’as trop d'quartiers

On cause pas pareil

selon qu'on est

de la rue de la Paix

ou des faubourgs

A Stalingrad l'usage

est d'être discret et sans histoire

On promène sa mélancolie

au bord de l'eau et des canaux

La rotonde de Ledoux repose

au bout du canal Saint-Martin

Elle est si belle si limpide

Ledoux avait beau être futuriste

il n'en croirait pas ses oreilles

quand passe le métro aérien

à côté de sa rotonde

Il n'en croirait pas ses yeux

en voyant cette ferraille

jetée à cent à l'heure

sur des rails dans l'espace

Il n'avait pas prévu cela

tant de quiétude autrefois

mais le Siècle des Lumières

n'a laissé que des traces

son raffinement son élégance

n'ont plus cours aujourd'hui

et Paris dans l' fracas

du métro tu survis



Au bout du Bassin

La Villette se devine

son dôme futuriste

ses envies de sciences

so tendance

Oubliés Arletty

le Canal de l'Ourcq et ses soucis

ses chagrins sa mélancolie

et pourtant l'Hôtel du Nord

existe toujours en remontant

le canal verdoyant

les jours d'printemps

quand revient l'ivresse

du soleil et de l'eau qui dort

verte et bleue comme la turquoise

toute belle d'être salie

d'ses mousses et son limon

parce qu'à Paris aussi

y'a la nature même sur les murs

Elle se donne un mal de chien

pour pousser mine de rien

Paris porte bien le vert

c'est une toilette qui lui va

ses grands arbres ont de la classe

font d' la douceur aux paysages

changeants et multiples des carrefours

des avenues des quais de Seine

Heureusement qu'y a la verdure

Paris sinon tu t'asphyxie

tu dis pas souvent merci

à Dame Nature tu d'vrais pourtant...



Les Buttes Chaumont

le Parc Montsouris

le Bois d'Boulogne

ou d'Vincennes

c'est pas du pareil au même

Les Buttes Chaumont

c'est Central Park

l'Parc Montsouris

l' internationale

des étudiants

bigarrés

du globe entier

L'Bois d'Boulogne

j'fais pas d'dessin

et à Vincennes

ou à Longchamp

on frime beaucoup

par tous les temps

Chapeaux démesurés

rouges à lèvres

décapotables

et sacs Hermès

faut se montrer

c'est essentiel

L'argent coule à flots

dans le fracas des sabots

les tonnerres

d'applaudissements

Chevaux au galop

étalons jockeys

gagneurs flambeurs

ou fiers loosers

qu'on soit d'la haute ou bookmaker

c'est l'ambiance qui nous plaît

On est d'Paris

où bien d'ailleurs

y'a de la duchesse

et de la Lady

des Princes

et des barons

d' la finance

et de l'industrie

C'est Paris

qui s'met en scène

C'est le théâtre des apparences

Sur le champ de course

s'élancent

des étalons

au nom immense

fourré d' truffes et d'particules

C'est qu'à Longchamp

ou Chantilly

tous les chevaux

sont mieux traités

qu'les cavaliers

C'est Paris de la démesure

sur les champs d'course

faut toujours

avoir l'air plus puissant

ou plus riche

ou plus connu des magazines

C'est le règne des paillettes

on s'embrasse et on se jette

les sourires sont d'politesse

y'a pas d'coeur

mais c'est l'bonheur

Ca fait l' plaisir des badauds

et les petites gens d'Paris

s'y baladent

tout épatés

et regardent hébétés

les belles dames liftées

aux diamants gros comme le Ritz

Ca fait l'bonheur des journalistes

et des pages people

C'est l' Paris

du Dimanche des hippodromes

c'est Paris du Quinté Plus

dans les bars PMU

Y'a pas d'Marquis

pas d'opérettes

que de l'espoir

jamais déçu

car chaque Dimanche on recommence

on rêve l'pactole

et puis d'partir

au bout du monde

et s'reposer...

loin du métro

et d'la cohue

dans un pays

où y pleut plus...


                                      Laure Gerbaud
                                  Tous droits réservés.



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